14 mars 2023 - 13:33
Du renfort de l’étranger chez Nutrigroupe
Par: Le Clairon de Saint-Hyacinthe et région

Les trois travailleurs étrangers Kodjo Yahse Adokpe, Jhon Efrain Cortes Aguirre et Carlos Geovanny Lafaurie Alarcon, en train d’être formés par Maria Campuzano, une employée de l’usine Supreme Egg Products à Saint-Hyaicnthe. Photothèque | Le Courrier ©

Trois travailleurs étrangers, arrivés au Québec le 22 février, ont commencé à travailler chez Nutrigroupe, à l’usine Supreme Egg Products située sur la rue Picard à Saint-Hyacinthe, le 27 février. Le journal est allé à leur rencontre lors de leur deuxième journée de travail. Ils semblaient bien emballés de leur nouvelle vie.

« Je suis heureux de pouvoir avoir un emploi dans lequel je peux me développer et pour lequel il n’y a pas la barrière de la langue. Je trouve qu’il fait froid au Québec, mais je vais m’adapter », a lancé en rigolant Kodjo Yahse Adokpe, un jeune homme originaire du Togo, mais ayant vécu au Brésil les cinq dernières années.
Pour sa part, le Colombien Jhon Efrain Cortes Aguirre avait déjà de la famille au Québec et a vu que l’entreprise cherchait des employés via la plateforme Journées Québec du gouvernement provincial ainsi que le site Web Québec en tête. « Ma famille m’a dit que la qualité de vie était meilleure ici qu’aux États-Unis », a-t-il expliqué.
Carlos Geovanny Lafaurie Alarcon, qui est aussi Colombien, a également été attiré par la qualité de vie du Québec, car c’est ce qu’il désirait offrir à sa femme et à ses trois enfants de 3, 5 et 10 ans. Il est arrivé seul, mais espère pouvoir les faire venir ici dans les prochaines années.
Long processus
Sébastien Mercier, le vice-président aux ressources humaines pour Nutrigroupe, qui compte notamment les usines Supreme Egg Products et Nutri-Oeuf à Saint-Hyacinthe et Les Oeufs Ovale dans la région de Québec, est bien satisfait de voir les premiers fruits de ce projet qu’il chapeaute depuis l’été 2021. Il déplore le délai de 12 mois entre le moment où le travailleur étranger est sélectionné et son arrivée au Québec. Il croit que six mois seraient préférables, mais il estime tout de même que le processus en vaut la chandelle.
« C’est un beau projet. C’est long, mais ça va rapporter à long terme », a-t-il déclaré.
Au total, Nutrigroupe fera venir 11 employés étrangers pour travailler comme journaliers pour l’usine Supreme Egg Products, 20 pour celle de Nutri-Oeuf et 10 pour celle des Oeufs Ovale. Pour cette dernière, trois travailleurs sont arrivés en novembre dernier et un en janvier. L’ensemble des travailleurs étrangers restants devraient atterrir au Québec en mars ou en avril en provenance de la Colombie, du Mexique, du Brésil et de Madagascar. M. Mercier est bien impatient de les accueillir.
Pour chaque usine, lors du début du processus, il manquait environ 10 employés ou plus. La loi obligeait l’entreprise à ne pas dépasser 20 % de son nombre total d’employés en travailleurs étrangers. Actuellement, Sébastien Mercier indique que 95 % des emplois sont pourvus, mais que l’arrivée des travailleurs étrangers va permettre d’atteindre le 100 % et d’agrandir les équipes de travail.
Ce sont environ 95 entrevues virtuelles qui ont été réalisées à l’automne 2021 et, de ce nombre, une soixantaine de candidats ont été retenus à l’hiver 2022. Toutefois, après les avoir avisés, seulement 41 étaient toujours intéressés. Le processus a été complété avec l’aide de la branche Immigration de Saint-Hyacinthe Technopole et de Québec International pour Les Oeufs Ovale. Un avocat spécialisé en immigration a aussi été embauché pour aider l’entreprise à remplir tous les papiers officiels. Actuellement, les travailleurs qui ne sont pas encore arrivés attendent leur visa.
Favoriser l’adaptation
Tout au long de la dernière année, les travailleurs étrangers choisis ont participé à environ cinq rencontres virtuelles pour en connaître plus sur le Québec et le processus d’immigration. « Nous avons aussi créé un groupe Facebook privé où nous faisions des publications, par exemple sur la neige, le sirop d’érable, la motoneige, etc. En fait, sur tous les us et coutumes du Québec », a raconté M. Mercier. Les superviseurs et directeurs d’usine ont aussi été rencontrés chaque mois pour préparer leur arrivée.
Des employés, dont Maria Campuzano qui parle espagnol, les accompagneront pour deux à trois semaines et ils devraient aussi avoir appris comment fonctionnent tous leurs postes de travail d’ici un mois.
Toutefois, selon Sébastien Mercier, le plus gros défi n’a pas été en lien avec l’entreprise, mais avec la recherche des logements. Il a finalement réussi à louer sept appartements, deux 5 1/2 et cinq 4 1/2 neufs, dans un immeuble de 12 unités sur l’avenue Saint-Louis. Les plus petits loyers pourront accueillir quatre employés et les plus grands, six. Ils ont été totalement meublés et équipés pour que les travailleurs étrangers n’aient rien à acheter et ils ne payeront qu’environ 50 % du loyer mensuel. En fait, la loi oblige à ce que de tels employés ne payent pas plus de 30 % des frais reliés à leur immigration. L’entreprise a donc aussi payé les billets d’avion.
L’Internet leur est aussi offert par l’entreprise ainsi que deux véhicules de sept places, immatriculés et assurés, et leur première petite épicerie. Ils devront ensuite payer pour l’essence et la nourriture. Un code de vie pour les logements ainsi qu’une politique pour l’utilisation des véhicules ont également mis à leur disposition en différentes langues. Ils ont d’ailleurs fait le chemin entre leur résidence et leur travail à quelques reprises à leur arrivée.
« C’est un nouveau pays, une nouvelle langue et un nouveau travail, alors l’adaptation peut être difficile, mais notre but est de les supporter et de les rendre autonomes », a conclu M. Mercier.

Adaée Beaulieu

image