L’instigateur du Comité Yamaska, le député de Saint-Hyacinthe-Bagot Simon-Pierre Savard-Tremblay, n’a pas été surpris des commentaires recueillis. Cela a confirmé ce qu’on lui avait déjà manifesté dans le passé.
« Il fallait commencer par le début, c’est-à-dire écouter les gens, non pas sur les solutions à ce stade-ci, mais sur le problème, s’il y en avait un. On a eu des témoignages variés, mais aussi des gens qui étaient attachés à leur sport nautique. À part quelques excès d’enthousiasme, le dialogue a été respectueux et constructif. On s’en réjouit », affirme M. Savard-Tremblay.
Au cours du mois de mai, des consultations se sont tenues à Saint-Pie, à Saint-Hyacinthe, à Saint-Damase et à Saint-Césaire.
« J’ai été surpris de voir autant de monde. [Auparavant], quand on entendait parler de la rivière, c’était toujours quelques personnes qu’on entendait, mais pas tous les citoyens qui vivent sur le bord de la rivière. Beaucoup parlaient avec cœur. J’ai réalisé qu’il y avait un problème plus grand que ce que je pensais au niveau de la rivière Yamaska », ajoute le maire de Saint-Damase, Alain Robert.
Collecter des données
Rappelons que le Comité Yamaska a été composé d’intervenants des villes de Saint-Hyacinthe, de Saint-Damase, de Saint-Pie et de Saint-Césaire, de représentants de la circonscription de Saint-Hyacinthe-Bagot et de la circonscription voisine de Shefford, de la Sûreté du Québec et de l’Organisme de bassin versant (OBV) de la Yamaska. Le comité poursuivra ses démarches en mandatant deux employés étudiants à colliger des données sur le nombre de bateaux, les types d’embarcations, la vitesse des embarcations et la hauteur des vagues. Les observations ont débuté le 4 juillet et devraient se faire durant les périodes d’achalandage sur la rivière.
Les consultations continueront sous une autre forme. Tous les riverains de la rivière Yamaska sur le territoire ciblé seront rencontrés. L’OBV épluchera aussi les études scientifiques qui ont été réalisées ailleurs sur la santé des rivières.
« On va s’intéresser à ce qui s’est déjà fait au niveau de la littérature scientifique sur l’effet que les vagues ont sur la santé de nos berges. Il y a des études réalisées dans l’Est du Québec et aux États-Unis. Est-ce qu’il y a des cours d’eau qui s’apparentent à la rivière Yamaska? Et est-ce qu’on peut en tirer des conclusions? », poursuit le responsable des communications de l’OBV, Michel Laliberté.
La patience est de mise
Afin que le gouvernement reconnaisse une problématique, le fardeau de la preuve revient au député. Ce dernier doit, entre autres, prouver que les mesures non réglementaires n’ont pas fonctionné. M. Savard-Tremblay répète que le processus sera long et fastidieux. Il pourrait se prolonger sur plusieurs années. Il ajoute que la démarche ne signifie pas qu’un changement de règlement sera demandé à la fin du processus. Cette décision s’appuiera sur les observations et les données recueillies.
D’ici là, certaines municipalités ont décidé d’agir à petite échelle. Saint-Pie a encadré les descentes de bateau. Pour une première fois cet été, les non-résidents doivent payer l’accès aux rampes de mise à l’eau, contrairement aux résidents qui y ont accès gratuitement.
« Ça a modéré le nombre d’embarcations. Avant, il n’y avait plus de place de stationnement pour les gens d’ici. Une personne va venir faire une ronde les soirs, les fins de semaine pour voir s’il y a des vignettes après les remorques de bateau », souligne le maire de Saint-Pie, Mario St-Pierre.
Le résident de Saint-Damase Luc Loiselle dit avoir assisté à trois consultations publiques. Il avait lui-même réalisé un sondage non scientifique auprès de riverains de la rivière autant à Saint-Pie qu’à Saint-Damase et à Saint-Hyacinthe. « Le résultat [des consultations] confirme les commentaires des riverains qui ont répondu à [mon coup de sonde]. Les riverains ne supportent plus le wakeboard et il est urgent de porter des actions immédiatement en attendant la réglementation. »
Il espère ainsi que des mesures seront prises à court terme, comme la mise en place d’un code d’éthique pour la navigation ou encore l’ajout de bouées de signalisation dans le secteur de la Porte des anciens maires et du pont Douville.
Sarah-Eve Charland