Le contexte politique international, notamment les hausses tarifaires imposées par le président américain Donald Trump, a incité de nombreux vacanciers québécois à revoir leurs plans estivaux. Les destinations classiques au sud de la frontière, comme Old Orchard ou Ogunquit, ont été écartées au profit de séjours plus locaux. Plus que jamais, les citoyens de la région ont choisi de passer leurs vacances dans leur propre cour.
Caroline Nantel, directrice générale du Jardin Daniel A. Séguin, se dit ravie de l’achalandage observé malgré des journées marquées par une chaleur extrême ou de fortes précipitations. Le site a enregistré une hausse de 15 % de fréquentation comparativement à l’an dernier.
Selon elle, les visiteurs proviennent majoritairement de la grande région maskoutaine, mais également de la Rive-Sud, de Montréal et de Laval. « On remarque une hausse notable de visiteurs de Saint-Hyacinthe. Plusieurs facteurs expliquent cette tendance. Pour la première fois, nous offrons une carte de membre donnant accès à des avantages exclusifs. De plus, grâce à notre partenariat avec Bibliothèques Saint-Hyacinthe, l’initiative Empruntez un jardin permet à des personnes à plus faible revenu de venir découvrir le site », explique Mme Nantel.
Elle ajoute que les forfaits combinés avec d’autres attractions régionales comme Interra et Chouette à voir! ont remporté un franc succès cet été. « Lorsqu’on parle de tourisme local, on pense souvent au tourisme d’affaires. Pourtant, les Maskoutains oublient parfois les trésors qu’ils ont à portée de main. Un pique-nique le long de la rivière Yamaska ou une visite de l’Expo agricole; ces activités n’ont rien à envier aux autres destinations québécoises », fait-elle valoir.
Même engouement du côté du Théâtre de la Dame de cœur, à Upton, où la nouvelle production immersive La folle épopée de M. Paul connaît un véritable succès. Cette création prend la relève de Victor et le cadeau des songes, qui a attiré plus de 48 000 spectateurs sur trois ans.
Reconnu pour ses marionnettes géantes, le Théâtre de la Dame de cœur est à la fois un pilier de la culture régionale et un pôle d’attraction touristique d’envergure. « Nous sommes ravis de la réponse du public. Après plus de 40 ans à la direction, je connais bien notre public. Nous avons une clientèle fidèle, mais nous parvenons aussi à en attirer une nouvelle année après année », souligne Richard Blackburn, directeur général du Théâtre de la Dame de cœur, en entrevue avec le journal.
À ce jour, le théâtre a accueilli environ 10 000 spectateurs, et on s’attend à doubler ce chiffre d’ici la fin de la saison estivale. Les visiteurs viennent principalement de la Montérégie, mais aussi d’ailleurs au Québec, « entre Gatineau et Québec », selon M. Blackburn.
Une autre destination touristique bien connue de la région, Chouette à voir! à Saint-Jude, enregistre elle aussi une saison estivale plutôt favorable en ce qui concerne l’achalandage.
« Nous sommes présentement en pleine haute saison. On enregistre entre 100 et 150 entrées par jour, parfois même jusqu’à 200, ce qui est globalement similaire à la même période l’an dernier », a indiqué Guy Fitzgerald, président de Chouette à voir!.
Malgré une météo estivale en dents de scie, il se dit tout de même satisfait de l’achalandage observé. « La météo est particulièrement instable cet été, et les gens hésitent dès que les prévisions sont incertaines. Or, elles ne sont pas toujours exactes, et c’est frustrant de voir des visiteurs éviter le site en raison d’une probabilité de pluie de 25 % ou 30 %. Mais c’est la réalité des activités extérieures », explique-t-il.
Depuis peu, les activités de Chouette à voir! sont accessibles à l’année grâce à l’ajout d’un Centre d’interprétation des oiseaux de proie, ce qui permet d’accueillir les visiteurs même lors des journées pluvieuses.
M. Fitzgerald souligne que l’organisme attire une clientèle diversifiée, incluant les familles et les groupes scolaires. Il espère maintenant élargir son offre en développant le tourisme d’affaires, notamment par une collaboration renforcée avec le Centre de congrès de Saint-Hyacinthe.
Bien qu’il soit difficile d’attribuer entièrement cet achalandage à un seul facteur, le climat politique tendu entre le Canada et les États-Unis semble jouer en faveur du tourisme local.
Un sondage de CAA-Québec révèle en effet que les Québécois sont moins enclins à traverser la frontière, préférant explorer les provinces canadiennes ou s’envoler vers des destinations tropicales. Si la situation géopolitique influence les choix, l’état du portefeuille continue d’orienter les décisions.
Selon cette enquête, 54 % des Québécois resteront au Québec pour leurs vacances cet été. Parmi eux, 15 % resteront chez eux, tandis que 39 % exploreront les routes de la province.
De plus, 16 % visiteront d’autres provinces canadiennes, contre seulement 10 % l’an dernier. À l’inverse, la proportion de voyageurs se rendant aux États-Unis chute à 4 %, une baisse de huit points par rapport à 2024. Le Mexique et les Caraïbes attirent 4 % des répondants (contre 2 % l’an dernier), tandis que l’Europe reste stable à 11 %.
« Ces résultats confirment ce que nos conseillers constatent depuis plusieurs semaines. Le contexte actuel modifie sensiblement les habitudes de voyage, mais les vacances d’été demeurent une tradition bien ancrée chez les Québécois », note Philippe Blain, vice- président Voyage chez CAA-Québec.