9 avril 2024 - 05:00
Pour une transition énergétique juste
Par: Le Clairon de Saint-Hyacinthe et région
Plusieurs regroupements citoyens du Québec dénoncent la façon dont le gouvernement du Québec procède à la transition énergétique. Ils ont manifesté à Saint-Hyacinthe le 7 mars. Photothèque | Le Courrier ©�

Plusieurs regroupements citoyens du Québec dénoncent la façon dont le gouvernement du Québec procède à la transition énergétique. Ils ont manifesté à Saint-Hyacinthe le 7 mars. Photothèque | Le Courrier ©

Des regroupements de citoyens d’une douzaine de MRC dénonçant la façon du gouvernement provincial de procéder à la transition énergétique, dont lors de l’implantation d’éoliennes, étaient réunis à Saint-Hyacinthe, devant la centrale T.-D.-Bouchard, le 7 mars. Ils demandent aux municipalités d’adopter un règlement afin que la population soit entendue lors de tels projets.

Le Comité des citoyens et citoyennes pour la protection de l’environnement maskoutain (CCCPEM) faisait partie du lot. Le désir des regroupements de citoyens est de créer une coalition à l’échelle provinciale pour faire bouger les choses.

Gérard Montpetit, du CCCPEM, a été le premier à prendre la parole. Il a mentionné que le lieu choisi pour cette première sortie médiatique était symbolique puisque T.-D. Bouchard a été le père fondateur d’Hydro-Québec. Maintenant, c’est la façon de procéder à la dénationalisation de l’électricité que ces regroupements dénoncent et non la transition énergétique. « L’humanité doit changer sa façon d’agir, mais comment? De quelle façon? Tout est dans la manière de faire », a-t-il déclaré.

Afin de redonner du pouvoir aux citoyens, via les municipalités, le juriste et sociologue Richard E. Langelier a proposé un règlement municipal concernant la production d’énergie renouvelable, dont l’installation d’éoliennes commerciales ou industrielles. On recommande qu’un promoteur doive obtenir l’autorisation de la Municipalité avant d’approcher un citoyen. Les regroupements déplorent que des compagnies privées se rendent à la rencontre de producteurs agricoles pour les convaincre d’installer des éoliennes sur leurs terres et signent avec eux des contrats confidentiels.

En adoptant un tel règlement, une Municipalité s’engagerait à recueillir, sur une période de deux ans, toutes les informations concernant les conséquences de l’installation d’éoliennes, notamment sur la santé, la sécurité et le bien-être des citoyens. Des consultations devraient ensuite être menées auprès des citoyens et le processus devrait se terminer par un référendum. « Le but est de contrer l’attitude intempestive des promoteurs », a déclaré M. Langelier en soulignant que le gouvernement provincial désire implanter 4000 éoliennes sur des terres agricoles d’ici 2032. « Cela exige le courage des élus locaux », a-t-il souligné.

Les regroupements de citoyens ont également réclamé qu’Hydro-Québec, et non les promoteurs privés, chapeaute les projets et que la durée des appels de projets soit plus longue. Ils sont outrés que le dernier appel d’offres d’Hydro-Québec se soit seulement échelonné de mars à septembre 2023. Selon eux, Hydro-Québec parle également d’une fausse pénurie d’électricité à combler puisqu’elle est le résultat de la vente à rabais de l’hydroélectricité aux États-Unis. « Nous affirmons haut et fort que cette eau qui coule dans la rivière ou le vent qui souffle au-dessus de nos champs appartient à tous et non à des actionnaires privés », a soutenu M. Montpetit.

Gérard Montpetit a aussi souligné que les terres agricoles n’étaient pas de bons emplacements pour installer des éoliennes. « Pourquoi construire un mastodonte plus haut que la Place Ville-Marie sur le garde-manger du Québec? ».

La présidente du CCCPEM, Pascale Pinette, a également souligné la menace que l’implantation des éoliennes représente pour la biodiversité. Elle a soulevé des pistes de solutions, comme installer les éoliennes proches des barrages, où il y a beaucoup de vent, plutôt que sur des terres agricoles. Elle a aussi expliqué que, simplement en réduisant la consommation d’électricité et en isolant mieux les maisons, l’implantation d’un aussi grand nombre d’éoliennes ne serait pas nécessaire.

De façon globale, 110 organisations et citoyens préoccupés par l’environnement ont réclamé, en février 2023, un Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) générique sur l’avenir énergétique du Québec, incluant toutes les filières concernées. Le CCCPEM a adressé sa propre demande en ce sens en juillet. « Nous croyons qu’il faut un débat public au sujet de l’ensemble des énergies renouvelables : l’éolien, le solaire, l’hydrogène, la géothermie, le gaz naturel renouvelable (GNR), l’éthanol, la filière batterie, sans oublier l’efficacité énergétique », a conclu Gérard Montpetit.

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