Une quinzaine de ses œuvres forment un parcours à suivre à travers le jardin et s’imprègnent de l’environnement dans lequel elles ont été installées.
« Réparties dans sept secteurs, les sculptures magnifient l’écrin naturel qui les accueille et entrent en résonance avec lui par leur couleur et leurs textures », décrit la commissaire de l’exposition, Pascale Beaudet, qui a procédé à la mise en espace des sculptures.
Si une attention minutieuse est accordée à la végétation du Jardin Daniel A. Séguin, dont la magnificence est réputée, le même esprit se dégage des œuvres conçues par Claude Millette. « Moi, je cultive la sculpture », illustre celui qui réside aujourd’hui à Saint-Bernard-de-Michaudville, lors d’une visite de l’exposition en compagnie du journal.
Il se réjouit d’ailleurs de cette opportunité au Jardin Daniel A. Séguin. Bien qu’il soit habitué à exposer en salle, ses œuvres se prêtent merveilleusement au décor extérieur. Il espère d’ailleurs que le concept saura inspirer les architectes paysagistes à intégrer des sculptures dans les jardins, privés ou publics, qu’ils conçoivent.
« C’était un beau défi de travailler dans un jardin, souligne Pascale Beaudet. Habituellement, on travaille dans une salle d’exposition. Ça devient des paramètres différents. Les arbres concurrencent les œuvres, même si elles étaient grandes à la base. Il fallait équilibrer le tout. »
Le défi a été relevé avec brio alors que le jardin et les œuvres se complimentent et se mettent l’un et l’autre en valeur.
Des œuvres inédites
Prévue l’an dernier dans le cadre des festivités entourant les 25 ans du Jardin Daniel A. Séguin, l’exposition a dû être reportée à cet été en raison de la pandémie. L’installation de certaines œuvres a néanmoins été entamée l’automne dernier, puis a été complétée ce printemps.
Cette année supplémentaire a également permis d’intégrer deux sculptures inédites, créées dans les derniers mois. L’une d’elles, « Embrasement », se démarque par sa singularité au sein de l’exposition.
« Souvent, je vais provoquer l’oxydation sur mes sculptures, explique Claude Millette, qui travaille principalement avec l’acier. Il y en a une que je n’ai pas provoquée [et c’est celle-là]. J’étais rendu à l’étape de savoir si je la provoquais ou si je la laissais maturer [et j’ai choisi la deuxième option]. »
Par ce procédé, la pièce, qui n’est pas sans rappeler une torche enflammée dégageant de la fumée, changera de couleur tout au long de l’été.
Outre les deux œuvres inédites, deux corpus s’entremêlent pour cette exposition : Corphéum et Aequilibrium, dont les plus anciennes sculptures remontent à 2008. Avec son travail, Claude Millette défie la logique gravitationnelle et joue avec les formes, exploitant les courbes et la grâce dont il tire son inspiration des mouvements de danse, notamment.
« Ce qui est intéressant dans le travail de Claude, c’est que ce sont de vraies sculptures qu’il crée. On peut vraiment faire le tour et découvrir différentes perspectives selon l’endroit duquel on les regarde », fait remarquer Pascale Beaudet, qui connaît bien le catalogue de l’artiste maskoutain.
Pour souligner cette exposition et retracer le parcours de Claude Millette, une monographie a également été publiée. Intitulé Faire plier la matière, cet ouvrage retrace les différents projets d’art public auxquels l’artiste a contribué – dont la sculpture que l’on retrouve au Centre des arts Juliette-Lassonde – de même que différentes sculptures marquantes créées au fil de sa carrière. Ce recueil est en vente directement au Jardin Daniel A. Séguin ainsi qu’à la librairie L’Intrigue, au centre-ville de Saint-Hyacinthe.
Maxime Prévost-Durand