22 novembre 2022 - 14:43
Une policière téméraire à découvrir
Par: Le Clairon de Saint-Hyacinthe et région

Annie Roy (à droite), de Saint-Hugues, signe son tout premier livre avec La téméraire, une biographie qui retrace l’histoire de la première femme policière au Québec, Nicole Juteau (à gauche). Photothèque | Le Courrier ©

Dès qu’elle a entendu une entrevue à la radio de la première policière du Québec, Annie Roy a été captivée. La Saint-Huguoise voulait en savoir plus sur l’histoire de cette femme, nommée Nicole Juteau. Or, aucune biographie n’existait à son sujet. Animée par sa curiosité, son côté fonceuse et son amour de l’écriture, l’enseignante de métier s’est dit : pourquoi je ne l’écrirais pas, moi? Quatre ans plus tard, voilà qu’elle vient de lancer La téméraire aux Éditions Druide.

« Je me demandais pourquoi ça n’avait pas été raconté, cette histoire. Ça peut juste être extraordinaire la vie de la première femme policière! C’est sûr que c’est incroyable. Et elle a été agente double en plus », lance Annie Roy en entrevue avec le journal.

On se replonge au milieu des années 70. À cette époque, la loi ne permettait pas aux femmes d’exercer le métier de policier. Celles-ci n’étaient pas admises non plus au programme de techniques policières. Mais Nicole Juteau a changé le cours de l’histoire. Son ambition de devenir policière, sans égard à son genre, l’a amenée à foncer vers son but, même si cela était en apparence impossible.

« Elle est devenue policière à une époque où, légalement, elle ne pouvait pas. Elle s’est juste dit : moi, c’est ce que je veux faire. Et elle l’a fait. »

D’une certaine façon, c’est un peu de cette manière que le livre La téméraire est né, lui aussi. Annie Roy n’est pas une auteure. Elle cumule plus de 20 ans de métier en enseignement à Saint-Hyacinthe, notamment à l’école secondaire Casavant où elle enseigne présentement l’histoire en 5e secondaire. Mais depuis son plus jeune âge, elle caressait le rêve d’écrire un livre.

« Je suis une grande amatrice de littérature québécoise, d’histoire et de féminisme. Tout ça mis ensemble, c’était le sujet parfait [pour écrire un livre] », souligne-t-elle.

Même si elle n’avait jamais publié auparavant, Annie Roy était portée par un désir de partager cette histoire. Elle a donc tenté de joindre Mme Juteau par différents moyens. De fil en aiguille, une première rencontre a été organisée et le projet s’est mis en branle aussi simplement qu’il est venu.

« Ce qui est intéressant dans ce projet, c’est que moi, je ne suis personne, affirme humblement Annie Roy. Pour [Mme Juteau], c’était positif. Elle m’a dit : c’est à toi que je vais donner la chance de raconter mon histoire parce que tu t’intéresses à moi pour vrai, tu ne t’intéresses pas à moi pour l’argent que tu pourrais faire. »

Une réelle chimie s’est d’ailleurs installée entre les deux femmes. Nicole Juteau admet même ne jamais s’être autant ouverte sur sa vie. Le livre est truffé d’anecdotes, dont plusieurs sont déconcertantes avec le regard actuel que l’on pose sur celles-ci. Même l’auteure, à différents moments dans le livre, se permet de faire pause, de sortir de la narration, pour retranscrire des bouts de discussions où elle partage son étonnement face à certaines situations vécues par la policière retraitée.

« Je voulais que les lecteurs puissent la rencontrer comme moi je l’ai rencontrée. Comme je suis néophyte dans l’écriture et que je n’ai pas tous les codes de la biographie, j’ai inventé les miens. Ça fait partie de ma personnalité éclectique qui sort du cadre, admet-elle avec candeur. Certains éléments que je n’arrivais pas à dire dans le livre, je les sortais un peu de l’histoire sous la forme de discussion pour qu’elle m’explique à moi, femme dans la quarantaine, des choses que je ne comprenais pas à propos de ce qu’elle a traversé dans les années 70. »

Au-delà du projet de livre, Nicole Juteau s’est également prêtée au jeu des conférences pendant le processus d’écriture, notamment à l’école Casavant et dans des écoles primaires de la région. L’auteure et l’ex-policière souhaitent d’ailleurs établir une structure de conférences pour que le projet continue de vivre maintenant que le livre est sorti.

De son côté, Annie Roy avoue avoir eu la piqûre de l’écriture avec cette biographie. Sa maison d’édition a aussi été séduite par son style d’écriture et lui a déjà démontré un intérêt à répéter l’expérience pour d’autres projets similaires. « Pour moi, tout ça est un grand rêve », affirme la Saint-Huguoise.

Maxime Prévost-Durand

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